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Et les aphrodisiaques ? Plus de fumée que de feu

Article paru dans le journal nº 34

Afin d’augmenter son désir et celui de son partenaire, l’être humain a toujours eu recours à l’utilisation de certaines substances réputées accroître les performances sexuelles.

Chaque année, apparaissent de nouveaux produits « plus performants » : leur origine lointaine, nimbée de mystère, alimente sans aucun doute l’imaginaire occidental.

Certaines plantes sont devenues des grands classiques de la lutte contre les troubles sexuels. Leur réputation n’est pourtant que très rarement étayée de preuves scientifiques.

  • Le bois bandé

C’est l’écorce d’un arbre répandu aux Antilles, le Richeria grandis. Très prisé localement (tous les arbres sont dépouillés de leur écorce sur plus de trois mètres de hauteur !) il procurerait chez l’homme « de puissantes érections et une grande excitation ». Chez la femme, un « insatiable désir sexuel » ! Mais les travaux scientifiques sur lesquels se baserait l’argumentaire commercial sont tout simplement introuvables !

  • Le ginseng rouge

Plante adaptogène par excellence, le ginseng rouge (Panax ginseng) serait également efficace au cours de la « dysfonction érectile » (terme fourre-tout). Des études disponibles (une quinzaine), il est en fait difficile de conclure quoi que ce soit car la seule étude au cours de laquelle le ginseng a été utilisé seul ne porte que sur 90 sujets !

  • L’extrait d’herbe de bouc

Souvent présenté sous son nom anglais : horny goat weed, l’extrait d’herbe de bouc (Epimedium grandiflora, brevicornum ainsi qu’une dizaine d’autres espèces proches) est en fait un remède traditionnel chinois (Yin Yang Huo). Des expérimentations menées chez l’animal auraient confirmé l’intérêt de cette plante dans les problèmes d’érection. Malheureusement, il n’existe aucune étude chez l’humain qui confirme ces premiers résultats ! En médecine chinoise, il est déconseillé d’utiliser ce produit en cas de « vide de yin avec chaleur », c’est-à-dire un tableau qui associe insomnie, sueurs nocturnes, malaises qui peuvent aller jusqu’au vertige.

  • La maca

Plante adaptogène, la maca (Lepidium meyenii) aurait également la capacité de rétablir la vigueur sexuelle de l’homme. Les études existent, mais portent sur des échantillons trop petits pour être significatifs. D’autre part, il n’a pas encore été possible d’identifier la molécule responsable de cet effet.

  • L’écorce des racines et du tronc du Muira puama

Ces parties de l’arbre amazonien devraient leur pouvoir érectile et aphrodisiaque à la présence de stérols et d’un alcaloïde (la muirapuamine). C’est un des plus vieux remèdes de cette région, aussi bien utilisé pour la grippe que pour la dysenterie, les rhumatismes, les problèmes neuromusculaires. On manque, ici encore, de travaux sérieux.

  • L’écorce de quebracho

L’écorce de quebracho (Aspidosperma quebracho- blanco) aurait des propriétés aphrodisiaques qu’aucune étude ne confirme ni n’infirme à ce jour.

  • Le Tribulus terrestris

Des études bulgares ont attribué à cet extrait la capacité d’améliorer les performances physiques et sportives des athlètes. Peu de temps après, un laboratoire américain publiait un article entièrement basé sur ces études, aujourd’hui repris par tous les vendeurs de Tribulus terrestris. Malheureusement, la lecture attentive des travaux bulgares révèle de nombreux biais qui retirent toute valeur scientifique à ces écrits. D’autre part, les tentatives de reproduction de ces travaux chez l’homme se sont toutes soldées par des échecs. Moins connues mais pas plus convaincantes

  • L’avoine L’avoine

(Avena sativa) augmenterait le taux de testostérone dans le sang. Elle fait actuellement l’objet d’un véritable engouement bien qu’aucune étude scientifique ne vienne confirmer une telle allégation.

  • L’écorce de catuaba

Utilisée en médecine traditionnelle brésilienne, l’écorce de l’Erythroxylum catuaba serait stimulante et tonifiante. Le peu d’études qui existent à son propos, ne confirment pas ces allégations, ce qui n’empêche pas les enseignes spécialisées d’en faire des éloges dithyrambiques.

  • Le cordyceps

Ce champignon, parasite d’une chenille chinoise, a longtemps été réservé aux empereurs de Chine et à leurs concubines. Cinq études modernes, toutes chinoises, prouveraient que le mycélium de ce champignon serait réellement efficace pour renforcer une fonction sexuelle défaillante (autant chez l’homme que chez la femme), mais du fait qu’elles n’ont pas été traduites en anglais, le doute plane sur la rigueur avec laquelle elles ont été menées.

  • Le damiana

Cet arbuste d’Amérique centrale et du Sud ferait l’objet de nombreuses recherches du fait des propriétés qui lui sont attribuées : chez la femme, régulation du cycle, stimulation de la libido ; chez l’homme, tonification de l’érection, sédation des problèmes d’éjaculation précoce. Malheureusement, à ce jour, aucun travail portant spécifiquement sur la damiana n’est disponible. Toutefois, du fait de son effet psychoactif comparable à celui du cannabis, il semble bon de ne pas en abuser !

  • La salsepareille

La salsepareille (Smilax aspera L.), couramment utilisée comme diurétique et remède des affections cutanées et rhumatismales, contiendrait « des hormones, notamment masculines et féminines » et « stimulerait la production de progestérone ». Voilà pure désinformation car ce qui est retrouvé dans les plantes (salsepareille, entre autres), ce sont des phyto-oestrogènes, précurseurs des hormones sexuelles et de la progestérone, mais que l’organisme ne peut transformer en hormones car il lui manque deux enzymes indispensables pour réaliser ces synthèses !

  • La racine de ginseng brésilien

Encore appelé Suma, le ginseng brésilien (Pfaffia paniculata) est aussi auréolé de pouvoirs aphrodisiaques en plus de ses vertus adaptogènes. Sa racine est traditionnellement utilisée à cet usage mais, aucune étude pratiquée en Amérique du Nord n’a retenu cet effet.

  • Le tongkat ali

L’Eurycoma longifolia augmenterait rapidement le taux de testostérone et le désir sexuel. Même commentaire que pour la salsepareille.

Les plantes antioxydantes

Certaines plantes (sous forme d’extraits) participent à la composition de complexes aphrodisiaques bien qu’elles n’aient pas d’action sur la sphère sexuelle. Leur intérêt réside dans leur capacité de lutter contre le vieillissement, ce sont notamment le galanga, le gingembre, le Ginkgo biloba, le piment, le poivre noir.

Une enquête qui mène à l’impasse

Au terme de cette promenade au coeur du jardin des plaisirs, il est bien difficile de recommander un produit plutôt qu’un autre. Jusqu’à il y a quelques décennies, la valeur d’un produit était bâtie uniquement sur sa réputation. Aujourd’hui, certains des produits dits aphrodisiaques ont subi le test d’expérimentations scientifiques rigoureuses. Et peu ont montré une action physiologique pouvant expliquer les vertus que la légende leur prêtait. De là, à en déduire que, dans tous les cas, c’est l’effet placebo qui intervient, il n’y a qu’un pas à faire avec pour conséquence immédiate, de considérer toute allégation aphrodisiaque comme affabulation…

Chaque être humain conserve au fond de lui un enfant qui croit au miracle. Si certaines plantes ont réellement un effet aphrodisiaque, d’où provient-il ? Il faudra certainement attendre une ou plusieurs décennies avant d’avoir ces réponses.

Ces conseils ne vous dispensent pas de consulter en premier lieu un médecin pour établir un diagnostic. Vous pouvez également vous faire accompagner par un thérapeute en médecine complémentaire. Pour en trouver un près de chez vous, rendez-vous sur annuaire-therapeutes.com


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