Une guerre stupide aux végétariens

On ne comprend pas bien à quoi jouent certaines chaines de restoroute. Si vous prenez un plateau végétarien, vous vous voyez refuser le vin. Le règlement affiché par la direction précise que pour avoir droit au vin, vous devez commander un « repas complet », et ceci dans le cadre de la lutte contre la conduite en état d'ébriété. Or, la question intéressante est : quelle est la définition d'un repas complet ? La réponse est : un repas avec de la viande ou du poisson !!! Nous voilà donc confrontés à la stupidité de règlements intérieurs ne reposant sur aucune valeur scientifique ni aucune note ministérielle, et voulant se donner une mission moralisatrice et l'impression d'un devoir hautement civique de participation à la sécurité routière.

• D'abord, pour que cette mascarade ait des chances d'être prise au sérieux, il conviendrait que toutes les chaines de restoroute adoptent  le même règlement visé par le ministère de l'intérieur, ce qui n'est absolument pas le cas.
• Deuxièmement, cette direction d'intégristes ignorants qui n'est aucunement habilitée à donner des avis médico-diététiques n'a pas l'air  de savoir qu'un repas complet est un repas qui comprend des protéines, qu'elles soient d'origine animale ou végétale, donc à base de légumineuses (haricots, lentilles, petits pois, pois chiche?.) qui sont en outre beaucoup plus riches en protéines que n'importe quelle viande.
• Troisièmement, on voit mal comment le fait de manger une cuisse de poulet peut plus empêcher quelqu'un d'être éméché avec un ou deux verres de vin plutôt que de la purée de pomme de terre ou de la ratatouille.
• Quatrièmement, l'on peut suspecter ces établissements, de pression malhonnête pour obliger leurs clients à acheter un plat de viande, même s'ils ne la mangent pas, les menus végétariens présentant une note moins élevée.
• Pour illustrer l'incertitude de la mesure, certains établissements édulcorent  le texte en remplaçant « repas complet » par « repas chaud », ce qui en outre serait déjà plus réaliste.
• Enfin, pour être vraiment intègres, ces restaurants devraient arrêter avec les demi-mesures, et comme les restoroutes luxembourgeois, supprimer tout alcool pour tout le monde, plutôt que s'en prendre aux seuls végétariens. Mais en France, pays du vin, une telle initiative risquerait de faire perdre beaucoup trop de clients?.

J'en profite pour rendre hommage à nos amis Anglais, Allemands, Suédois et autres vacanciers du Nord parmi lesquels on trouve en moyenne 10% de végétariens, et qui par leur passage régulier sur nos grands axes ont participé à l'éducation et à l'ouverture de nos restaurateurs vers quelques timides options végétariennes. A remarquer que la France, éternelle lanterne rouge de l'évolution, ne compte encore que 1,5% de végétariens, pendant qu'elle détient le triste championnat de la cruauté rétro avec le  foie gras et maintenant de la viande Halal?. Enfin, je finirai avec ma guerre personnelle contre les sacro-saints produits laitiers de la cuisine française. Voici 22 ans que je suis allergique grave aux produits laitiers, sauf fromages qui sont lacto-fermentés. Dans les 20 minutes qui suivent la consommation d'un quelconque plat au beurre, au lait ou à la crème fraiche, il se déclenche chez moi une grosse palpitation avec arythmies violentes qui font peur et coupent les jambes. Se faire un menu au restaurant dans ces conditions, demande une grande vigilance. Je ne parle même pas au nom d'une misanthropie étriquée, car en fait, nous sommes 10% de français présentant des syndromes allergiques divers aux produits laitiers ; ceci représente donc en gros 5 millions de personnes qui vivent dangereusement dès qu'elles entrent dans un restaurant. Or rien n'est fait pour aider ces gens, ne serait-ce que par un étiquetage précis sur chaque plat des buffets. Non seulement cela, le personnel de service reste souvent évasif et doit quitter son poste pour aller arracher en cuisine les indispensables renseignements de base, tout simplement afin d'éviter à quelques dérangeurs atypiques d'être malades. Sachant que l'allergie aux produits laitiers vient principalement de la pollution chimique et hormonale des produits laitiers eux-mêmes par le type d'alimentation du bétail, il serait légitime qu'au moins une législation adaptée au sein de la restauration assiste les 5 millions de victimes hypersensibles, pour rattraper les dérapages irresponsables de la production industrielle. Et vive les pays méditerranéens où l'on cuisine uniquement à l'huile d'olive?..et où l'on se porte bien mieux !

?Michel Dogna

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